Le 4 novembre 1995 disparaissait Gilles Deleuze, un des philosophes les plus importants du 20e siècle. Il n’y a aucun film sur lui et il a toujours refusé de participer à des émissions de télévision. Il était pourtant une star de son vivant, pour tous ceux qui s’agglutinaient dans ses cours, ou qui dévoraient ses livres.
« 20 ans après sa mort, j’ai envie de voir comment ce philosophe hors du commun pourra faire tourner nos têtes.
J’ai choisi le temps d’un spectacle, de traverser quelques-uns de ses plus grands concepts: le devenir animal, différence et répétition, le corps sans organes, et les machines désirantes.
Pourquoi ceux-là ?
Parce qu’ils ont déclenché chez nous un très fort désir d’écrire, et qu’ils ont questionné immédiatement notre rapport à l’écriture, au nouveau, et au théâtre. Quand je dis « nous », je parle d’une écriture collective entre un acrobate, un contre-ténor, un conférencier, et un metteur en scène.
Notre spectacle a donc la tête d’une conférence, mais la tête seulement, parce que pour ce qui est du corps…
Au centre du plateau un conférencier tente de partager avec le public, la richesse et la puissance de certains des grands concepts de Deleuze. Alors qu’il va les exposer, il est très vite interrompu par des corps qui bougent, qui chantent, qui causent, et qui s’emparent irrésistiblement de ce qu’il allait nous dire.
Ces corps sur scène parcourent les grandes lignes d’une philosophie très reliée à la question de la création et de sa nécessité.
Deleuze n’était pas amoureux de théâtre comme il l’était de la peinture ou du cinéma. Mais il écrit par exemple « qu’il n’y a pas d’œuvre d’art qui ne fasse appel à un peuple qui n’existe pas encore ». Si je remplace « œuvre d’art » par le mot « théâtre », ça suffit à me donner des frissons »
Cédric Orain